Flammes and go!
Deux titres sur la B.0. du dernier David Lynch (" Lost Highway")
et le monde n'est plus le même. Celui de Rammstein en tout cas, combo
indus-metal en provenance directe de Berlin et dont on serait bien inspirés
de suivre dès maintenant les pérégrinations plombées.
Un clavier climatique et, tout de suite, comme les pâles d'un hélicoptère
avant l'assaut, celui d'une rythmiquebombardement et d'un rift cinglant embrasant
l'air comme du napalm. Apocalypse now, le retour ? Non, l'intro de "Rammstein",
titre-phare de "Herzeleid", premier album de six germaniques furieux,
Berlin et Schwerin en guise de base (militaire ?). Rammstein, tel est aussi
le nom du blindage. Une appellation empruntée à cette base (militaire
!) allemande, théâtre malheureux d'un meeting aérien qui
tourne mal : crash sur la piste principale, des victimes par centaines...
L'air et le feu, éléments indissociables des aspirations du sextet.
Le feu surtout. Car il faut avoir vue la furie Rammstein sur scène, ou
tout au moins les quelques vidéos s'y rapportant. Geysers de flammes
permanents dans un décor de ruines, veste incandescente du chanteur Till
: la... parade impressionne. Et intrigue. Mais qui sont ces gens que l'on nous
présente comme la dernière sensation d'outre-Rhin, tenants annoncés
d'une nouvelle église... pyromane ? "On se connaît depuis
dix ans, éparpillés les uns et les autres dans divers projets
plus ou moins aboutis, la plupart plutôt orientés punk à
l'époque, voire folk pour certains", énonce le sieur Till,
presque... espiègle, dans un anglais balbutiant. "Nos premières
démos datent de 1993 et cet album de l'année suivante.
C'est en nous voyant lors d'un concert à Hambourg que Jacob Hellner
(l'homme de main de Clawfinger - ndr) a décidé de le produire.
" Très vite, le bouche à oreille se mue en véritable
traînée de poudre au pays de Goethe et de... Boris Becker. 200
000 copies de « Herzeleid » trouvent ainsi preneurs en quelques
mois. Pourtant, le coup de booster ultime n'a pas encore pris encore forme.
Du côté de Los Angeles, une cassette de "Herzeleid"
est venue depuis un bail s'ajouter à la paperasse sur le bureau d'un
certain David Lynch apportant alors la touche finale à son "Lost
highway" déglingué. "On lui avait envoyé un CD,
comme ça, à l'aveugle. Tout le monde dans le groupe adorait ses
films, leurs atmosphères si étranges. On se disait que s'il voulait
utiliser tel ou tel de nos trucs en guise d'ambiance, ce serait déjà
pas mal... Nous n'avons pas eu le moindre signe pendant un an, jusqu'à
cette lettre à l'en-tête de sa maison de production. Et là,
on n'en croyait pas nos yeux. Deux titres sur la B.0. ("Rammstein"
et "Heirate mich" - ndr bis), on faisait des bonds au plafond... "
Sans pour autant trop se focaliser sur ce signe du destin.
D'ailleurs, le prochain album est fin prêt (sortie août-septembre)
et Rammstein déjà reparti en tournée, avec quelques festivals
(en co-tête d'affiche) à la clé. Ce soir, on vous met le
feu...
Xavier Bonnet